8 juil. 2009

Michael Jackson : parlez moi de musique



Comme je le fais de temps en temps, voici une incartade dans mes sujets foot : un article sur la mort de Michael Jackson. Comme le dit le sous-titre du blog : "foot et autres trucs moins importants".

Sauf que là, l'évènement est d'importance. Si l'on en croit les "spécialistes" (on y reviendra), toutes les cérémonies, les rebondissements et rumeurs depuis le 25 juin font suite à la nouvelle la plus importante depuis que l'homme à marché sur la lune, ou à peu près.


Mon premier réflexe à été de me jeter sur ce blog pour crier ma tristesse et mon admiration pour cet homme. Mais, subodorant tout le cirque qui en découlerait, j'ai préféré attendre et observer.


La chose la plus évidente, c'est que depuis qu'il est mort, Michael Jackson est (re)devenu un génie de la musique. Depuis 10 ou 15 ans, à chaque fois qu'un média parlait de lui, c'était pour parler de sa peau blanche, de sa dernière opération de chirurgie esthétique, de sa supposée ruine ou de ses procès. Mais moi je m'en foutais.


Moi, je voulais savoir quand allait sortir son prochain album, s'il serait génial comme "off the wall" ou décevant comme "Invincible". Je voulais savoir avec qui il travaillerait. S'il allait passer à Paris en concert. S'il ferait un jour un concert à taille humaine, dans une salle par exemple, avec moins de pyrotechnie, plus de morceaux acoustiques et moins de play-back, passage obligé pour avoir le coffre de danser non-stop sur les scènes des stades.


Moi, je me fous de savoir s'il a un jour utilisé un caisson à oxygène. Je me fous de savoir s'il est le père naturel de ses enfants. Le nombre d'hectares de sa propriété de Neverland m'indiffère.
Son pseudo mariage arrangé avec la fille d'Elvis Presley ne m'a pas fait lever un sourcil.

Ces histoires de pédophilie ? Comment démêler le vrai du faux ? Je ne suis pas sûr qu'il soit coupable. Ou innocent. Je note simplement que Jordan Chandler, le garçon qui l'avait accusé à l'époque et dont l'affaire s'était soldée par un chèque de 22 millions de dollars à la famille, est devenu un jeune homme qui a avoué le 30 juin qu'il avait menti sous la pression de sa famille, sa mère ayant d'ailleurs été déjà condamnée pour escroquerie aux services sociaux.
Des gens célèbres ont souvent affaire à ce genre d'accusation, l'appât du gain aidant.
Mais encore une fois, je ne me prononcerai pas.


La chirurgie ? là aussi la question m'intéresse peu. Je suis tout de même certain que Michael Jackson a voulu échapper à son physique que son père qualifiait d'ingrat à l'époque où lui et ses frères prenaient des coups de ceinturon à chaque fausse note.


Alors oui, on aurait tous voulu qu'il arrête "à temps" ses transformations, après l'époque de Thriller par exemple.

Mais qui peut imaginer le traumatisme de cet être, qui, aussi loin qu'il se rappelle, a toujours été épié, suivi, agressé, scruté dans ses moindres gestes, ne connaissant pas le sentiment de faire des choses simples auxquelles on ne pense même plus quand on les fait, nous, les humains.

Car Michael Jackson est un extraterrestre.

Qui peut revendiquer autant de crise d'hystéries, d'évanouissements, de regards exorbités, de cultes insensés, de sosies, etc ? Elvis, les Beatles ? Même pas sûr.

Surtout, personne n'a eu autant de talents cumulés.

Michael Jackson, c'est d'abord une voix incroyable. Qui en a parlé avant sa disparition ?

Prodigieuse dans les ballades, tout simplement sidérante dans les titres dansants, cette voix qu'il utilisait jusqu'à respirer en rythme, avec des petits bruits de gorge qui mettaient le percussionniste au chômage technique.

Michael Jackson, c'est un corps qui s'anime dès que la musique démarre, comme branché directement sur les instruments. Il ne dansait pas sur de la musique, il ÉTAIT la musique.

Michael Jackson, c'est un compositeur de génie, un arrangeur visionnaire.

Mon seul regret, c'est que dans les 90's, il se soit arrêté de montrer la voie, en se contenant de la suivre. Avant l'album "Dangerous", il inventait tout ou presque : les sons, les mélodies, l'univers de ses vidéos. Ensuite, il a succombé à l'envie de collaborer avec les gens à la mode, comme les producteurs Rodney Jerkins, R.Kelly, Will I am, Akon, alors qu'on ne sait pas quelle trace laisseront ces gens, certes talentueux, dans l'histoire de la musique. Le fait de leur faire confiance dévalue à mon sens son travail, car lui est artistiquement immortel ; pas eux.

L'exemple le plus symbolique est l'apparition dans sa vidéo "Jam" des Kris Kross, deux bambins rappeurs auteurs d'un ou deux tubes approximatifs et dont l'Amérique s'étaient entichée avant qu'ils ne disparaissent dans le vide intersidéral des ex-futur prodiges.

Ses vidéos, justement, sont aussi connues que sa musique. C'est l'artiste qui a révolutionné le concept jusqu'alors très vague d'image-musique. Et donc qui a révolutionné l'industrie du disque.
Pour finir, regardez autour de vous : Michael Jackson est partout.

Dans la musique de Justin Timberlake, celle de Beyoncé, dans les chorégraphies de Britney, des Pussycat Dolls, dans les vidéos de...ben, à peu près tout le monde.


De chez nous, en France :

Jean-Jacques Goldman : "Il y a un avant et un après Michael Jackson, de même façon qu'il y a un avant et un après Dylan en ce qui concerne les textes et un avant et un après Beatles pour les mélodies"

Francis Cabrel : " J'ai eu la chance d'aller le voir sur scène à Montpellier ; j'ai vu ce prodige, un type merveilleux aérien qui, comme dans les rêves, ne semblait pas toucher le sol. C'était assez spectaculaire. "

Manu Katché : " toute la production, la manière de chanter, les respirations, le souffle ! Nous, on essayait de lui ressembler ce qui était impossible, faire des productions dans cette direction là : c'était impossible."

Pour ma part, je dirais que c'était l'un des trois artistes encore en vie pour lesquels le mot "génie" n'était pas galvaudé. Il ne reste que Stevie Wonder et Paul McCartney.

Un coup de griffe sur la guerre des chaînes de télé qui ont TOUTES retransmis la cérémonie d'hommage au "king of pop" (je déteste ce surnom) . Les généralistes, les chaînes info, les musicales, toutes les "rédactions étaient mobilisées".

Et là on peut mesurer la connerie des responsables des télés et radio qui préfèrent mettre à l'antenne leurs stars, plus"fédératrices" que le spécialiste musique qui va soi-disant faire chier tout le monde.

Et là, evidemment on a droit à des trucs irréels :

- Jean-Claude Narcy, meuble de TF1 oublié dans un coin : "mais il avait pas l'air malade ce garçon !"
- Elise Lucet, France 2 : "silence complet très émouvant pendant la minute de silence du Staples Center, ". Ben non, Elise. Tu parles pendant. Donc on s'en rend pas compte.
- Un peu plus tard : "Qui chante avec Mariah Carey ? "
C'est Trey Lorentz, Elise, un chanteur américain. Et la pauvre qui essaie de répéter ce qu'on lui dit dans l'oreillette approximativement "eh oui, c'est... Traylor Harris"
Pffffff.
- Narcy : "un pasteur arrive sur scène..." Non Jean-Claude. C'est Berry Gordy, le fondateur de la Motown, celui qui a découvert Michael Jackson, mais aussi Diana Ross, Stevie Wonder et Marvin Gaye. Impardonnable.
- Laurence Ferrari : "dans la salle on reconnait les basketteurs Michael Jordan et Shaquille O'neal..." Non. Magic Johnson et Kobe Bryant. Dommage.
J'ai regardé la cérémonie sur France 2 car je voulais entendre Manu Katché, un des seuls mecs crédibles pour parler de la musique de Michael.
Mais c'était une honte. Entre Christian Audigier qui vend son business sur l'antenne et les commentaires permanents même pendant les chansons, j'ai tout arrêté en me disant que je la verrais pus tard sur le net.
D'après ce qu'on m'a dit c'était pas mieux sur les autres chaînes.

De manière générale, même pour parler musique, on préfère dans les télés et les radios mettre à l'antenne des "people" ou des bimbos qui liront avec plus ou moins de talent les fiches que des petites mains leur auront concoctées. Ca déroutera moins la "cible d'audience"...


Mais je m'égare, et je dois conclure.

Que dire pour dire au revoir à Michael ?

J'adore les rythmes syncopés et l'ambiance glaciale de "Scream", l'envolée de violons de "Don't stop 'til you get enough", la ligne de basse de "Smooth Criminal", l'émotion de "Liberian Girl", la sensibilité de 'I can't help it", le...euh, vous avez du temps ?

Mes potes qui aiment le rock, se délectent de "Beat it, "Dirty Diana" ou "Black or white".

Goldman et Cabrel, qui ne sont pas dans la même galaxie, vous me le concéderez, sont dithyrambiques.
Ma maman se dandine sur Billie Jean.


Vous avez dit universel ?



A tout de suite Michael. Sur ma platine. Dans mon Ipod.