5 janv. 2009

Le Langage footeux (1ère partie)

Le foot, ce sont des joueurs, du jeu, mais aussi un langage.
Certains acteurs ne sont pas très à l'aise devant un micro, pour employer un euphémisme. On peut être un artiste sur le carré vert et une truffe devant la presse. Commets-je un crime de lèse-majesté si je dis que notre Zizou national en est le parfait exemple ? Bon , tant pis.

Alors, pour donner le change, le joueur a des codes, des formules toutes faites qui sont de sempiternels refrains d'après match. Je me suis surpris à enregistrer "jour de foot" sur canal un samedi après un resto et à regarder les résumés de matches en passant en avance rapide les interviews d'entraîneurs et joueurs ; il me semble que je les connais par coeur et je n'y apprendrai rien.






Certes, quelques-uns s'expriment correctement et loin de moi l'idée de dire que les sportifs n'ont pas de cerveau. Mais on ne peut que constater ce qui suit : ce ne sont que quelques exemples, et j'en reparlerai plus tard, d'où le "1ère partie" dans le titre.



D'abord, préparez-vous à entendre : "le spectacle n'était pas au rendez-vous, mais l'important c'est les 3 points" .
C'est vrai que le garçon ne peut décemment pas dire : " On a joué comme des merdes, mais comme on a gagné on touchera la prime de victoire".

A la mi-temps : "On arrive pas à marquer pour l'instant, mais ils faut dire que l'équipe adverse est bien en place".
Traduisez : "On sait pas comment marquer face à cette défense, ces bâtards jouent à 10 derrière".

A l'attaquant en fin de match à qui on demande son impression sur son but inscrit au cours de la rencontre : "Oui, j'ai eu de la réussite mais c'est toute l'équipe qu'il faut féliciter".
C'est quand même le summum du faux-cul : dans un sport ultra-individualiste, où on change de club comme de short pourvu qu'on gagne plus de sous, on veut nous faire croire que le collectif prime ; alors que ça ne me choquerait pas d'entendre : "ben oui, en ce moment je marque des buts, je pète la forme". C'est pas compliqué.

Au passage, j'adore aussi les formules sur l'entraîneur : "le 4-4-2 c'est le choix du coach" cache en général : "on comprend rien à ce qu'il nous demande, alors c'est le bordel sur la pelouse."

Et je m'étonne toujours de la naïveté de certains journalistes qui croient que le joueur frustré (car souvent remplaçant) va balancer sur le coach, alors que si c'est c'est le cas, il sera sanctionné et jouera encore moins souvent.
Alors ça donne : "oui, je ne joue que des bouts de matches, mais j'essaie d'apporter le maximum à chaque fois que je rentre." au lieu de :
"cet enfoiré ne me fait pas jouer car il ne connaît rien au foot."

Et que dire de la situation du coach sur le point de se faire remercier, mais évidemment soutenu par ses joueurs : "On est à fond derrière le coach, c'est pas lui qui perd les matches, il faut qu'on se serre les coudes et qu'on se défonce pour lui."
Et, une fois l'ancien entraîneur viré, on demande son avis au même joueur sur le nouveau : "Il y a plus de rigueur à l'entraînement, on travaille plus avec le ballon". ah bon ? parce qu'avec l'autre c'était le club med et on jouait à la poupée ?

J'adore aussi les déclarations genre : "il faut continuer à travailler" Ben oui, mon gars comme tout le monde le fait, sauf que tout le monde ne gagne pas 50.000€ par mois et donc tu peux aller faire un footing par 3°, ça fera chialer personne.

Et on ne passera pas sous silence les tournures vides de sens comme : "je crois que bon, ...." "à partir de là...." (spéciale dédicace à Laurent Blanc)

Un fleuron de l'interview footballistique pourrait donc ressembler à :

"Je crois que bon : le match était serré, mais on était bien en place ; à partir de là j'ai réussi à marquer, grâce au travail de mes coéquipiers ; ça prouve que le 4-4-2 du coach a bien fonctionné, mais même si l'important c'est les 3 points, il ne faut pas s'enflammer et continuer à travailler".


Voilà. pensez à moi la prochaine fois que Ribéry passe en interview "esssclusive".

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Pat pour ton article qui décrit les coulisses de ce sport très médiatique.
Finalement qui mieux qu'un homme de média peut nous décoder ce langage que seules les aficionados connaissent.
Félicitations Pat

Anonyme a dit…

Juste, mais le fait de ne pas balancer son entraineur ou son président n'est pas propre
qu'au football. Dans les médias rare son les
interview ou les animateurs descendent leur
président ou peut-être après avoir été eux-mêmes remerciés.

G2L a dit…

En tout cas, moi je dis que quand t'es payé - cher ou pas - tu balances pas !
Et quand t'es une truffe et que tu sais pas causer comme un journaliste qui a fait l'école de journalisme, t'apprends quelques formules bateau, tu les balances aux journalistes qui n'ont pas toujours des questions intelligentes, et tu utilises ton temps pour améliorer ton jeu balle au pied.
Alors oui, moi je soutiens les footeux faux-cul, n'empêche je soutiens aussi le franc-parler de Nicolas, de Vikash et consorts et, je ne sais pas pourquoi, mais j'aime bien JP.
On peut aussi être un artiste pour commenter un match de foot et une truffe avec un ballon rond... chacun son métier !
J'attends avec impatience la suite du décodage... et qu'on me parle de Deschamps et de certains autres qui maîtrisent, à leur propre avantage, la communication.

Pour info, j'ai fait un cauchemard (cauchemare ?) et j'ai pas fermer l'œil de la nuit.

Pat Angeli a dit…

c'est qui JP et Nicolas ?
tu n'es pas clair, serais tu un footeux ? ;-D

G2L a dit…

Que les choses soyent claires : je suis un écorché vif comme Nicolas Anelka, un petit communiquant comme JPP (et oui, je JOUE au foot), j'adore le sport, je m'intéresse aux hommes - surtout aux hommes qui apportent quelque chose par leurs différences - je m'intéresse à la communication.

Au fait, Raymond - Raymond Domenech - et ben il s'est mis à causer. Bon, il a mis le temps, mais c'était très instructif à mes yeux ! Qu'on en parle ! Vive Raymond, vive la communication alternative !

Faut pas me chercher !

Sinon, c'est pour quand la deuxième partie, hein ?

Un fidèle parmi les fidèles.